Portrait

Née en Algérie en 1963, c’est à l’âge de 5 ans que Malika arrive en France, accompagnée de sa mère et de ses frères, pour rejoindre son père, ouvrier chez Berliet. Elle grandit et est scolarisée à la campagne avant d’habiter Lyon où elle poursuit son apprentissage.
Dans les années 80, elle travaille comme formatrice pour adultes pour des publics en insertion et devient militante associative au sein du mouvement des jeunes issus de l’immigration. Heurtée par le racisme affiché dans les audiences publiques du Palais de Justice qu’elle fréquente régulièrement, confrontée elle-même au racisme dans sa recherche d’emploi et très déçue par les manipulations autour de SOS racisme, elle décide d’explorer d’autres pistes et s’installe à Paris au début des années 90. Là, pendant plus de 4 ans, elle travaille dans la formation pour salariés, auprès d’ouvriers de Renault.
Très choquée par la guerre civile qui sévit en Algérie, elle consacre également 2 ans à un DEA Sociétés Contemporaines du Maghreb à l’Institut Maghreb-Europe, pour « comprendre, en espérant y trouver les moyens et le chemin pour agir ». Son parcours professionnel l’amène ensuite au sein de la Sécurité Sociale où elle trouve un écho fort à ses propres valeurs. En 2006, elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure de Sécurité Sociale et elle s’installe à Chambéry où elle est cadre à la CPAM.
Initiée à la beauté des mots et de la poésie par sa mère, Malika Benarab-Attou développe très tôt une sensibilité littéraire. Elle se forme constamment : Linguistique, Anthropologie, Sociologie, Psychologie du Développement, Psychologie Sociale, Sciences de l’Education, Histoire et Philosophie. Ses connaissances lui permettent de comprendre le monde qui l’entoure et de le voir sous différentes perspectives.

Son engagement politique

Malika rejoint les Verts en 2002. Soucieuse de l’avenir des générations futures et des enjeux écologiques de notre planète, elle trouve dans la politique un moyen supplémentaire de faire bouger les choses. Elue au Parlement Européen en 2009, elle est aujourd’hui membre des commissions parlementaires Emploi et Affaires Sociales (EMPL) et Culture et Education (CULT). La commission EMPL traite notamment des questions relatives à l’intégration sociale et à l’amélioration des conditions de travail. La Commission CULT concerne, outre la culture et l’éducation, la politique de la jeunesse, du sport, des médias et du multilinguisme.
Pour les délégations, qui permettent de discuter des enjeux dans les relations entre l’Union Européenne et d’autres régions du monde (sans compétences législatives), son choix s’est naturellement porté sur l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée et sur la Délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l’Union du Maghreb arabe. « Les relations Europe-Maghreb et plus largement Europe-Afrique me passionnent et me semblent un enjeu important dans une planète qui est mondialisée (…). Dans le contexte actuel qui évolue vers un monde multipolaire, l’Europe a un rôle important et spécifique à jouer, à condition qu’elle renoue avec ses valeurs fondatrices. La fraternité/solidarité en est une, essentielle. »
Janvier 2014 marque un tournant dans la vie politique de Malika Benarab-Attou : elle décide de quitter EELV, « soumis à un gouvernement socialiste qui a pris un tournant libéral catastrophique », pour rejoindre le parti récemment créé Nouvelle Donne. « Pour une réelle alternative politique, plus humaniste, plus solidaire et ouverte sur l’Europe et le Monde. »

Ses combats au Parlement européen

Depuis le début de son mandat, Malika Benarab-Attou s’est investie sur les questions liées à la jeunesse, tant au niveau de la Commission CULT que de la Commission EMPL. Création de la Garantie Jeunesse, maintien et refinancement du programme Erasmus, soutien à l’éducation via le Fonds Social Européen… sont autant de projets auxquels elle a apporté sa contribution, avec succès. « Plus d’un jeune européen sur cinq est au chômage en 2013. Nous connaissons tous dans notre entourage un ou plusieurs jeunes, diplômés ou non, à la recherche d’un emploi depuis plusieurs semaines, voire souvent plusieurs mois. La jeunesse qui se sent abandonnée doit faire l’objet d’actions qui redonnent l’espoir d’une vie meilleure et active. La Garantie Jeunesse est une des batailles que nous avons gagnées. »
La Culture tient également une place très importante dans son travail. Pour Malika Benarab-Attou, « La Culture participe à l’épanouissement des personnes et il est primordial qu’elle soit accessible à tous. » C’est dans ce sens qu’elle a bataillé avec son groupe pour obtenir l’exception culturelle. La défense des langues régionales et minoritaires occupe une place particulière dans le coeur de la députée, dont la langue maternelle est le Tamazight. « Tout comme la biodiversité est un patrimoine universel, la protection de la diversité des langues est une contribution à la sauvegarde de la richesse des productions et du patrimoine humains. » Joignant l’acte à la parole, elle édite en 2011 le lexique Français – Francoprovençal du nom des communes de Savoie, sa région d’origine, pour conserver une trace du « patoé », le « parler d’ici », et permettre aux élus de le faire vivre en apposant à côté du nom de leur commune, le nom en francoprovençal (également appelé Arpitan).
Au-delà des Commissions dont elle est membre, Malika Benarab-Attou fait partie du Groupe Spinelli dont l’objectif est celui d’une Europe fédérale, une Europe des citoyens.
« Une autre Europe est possible ! Une Europe plus démocratique avec un Parlement ayant des compétences élargies. Le Parlement est le représentant des citoyens, c’est de lui que devrait venir l’initiative des lois. »

Le Groupe d’amitié UE-Maghreb
Malika Benarab-Attou a toujours été passionnée par la Méditerranée et ses enjeux multiples. « Je crois à l’émergence de sociétés démocratiques dans les pays musulmans et les débats autour d’un fonctionnement et des structures répondant aux aspirations des peuples du sud de la Méditerranée sont essentiels. Nous devons soutenir le choix de ces peuples parce qu’ils sont nos voisins immédiats, que nous avons une histoire et une civilisation communes et que les liens interpersonnels, humains, sont nombreux. »
Mais face à une Europe fébrile en matière de mobilité, qui ferme trop souvent les yeux sur les atteintes aux droits humains dans les pays partenaires ; face à une Assemblée Parlementaire de l’Union pour la Méditerranée qui se cantonne à des échanges de vue et à l’adoption de rapports ; face, enfin, à une Union du Maghreb Arabe qui stagne, Malika Benarab-Attou décide d’agir et lance, en septembre 2013, le Groupe d’amitié UE-Maghreb. Via une plateforme online et l’organisation de différents événements, le groupe se veut être un espace de construction collective de propositions, d’analyses et de questionnements qui permettront de contribuer à un large débat public sur la question de l’intégration maghrébine tout en renforçant les liens entre le nord et le sud de la Méditerranée. « Le rôle et la volonté des parlementaires et des militants de la société civile peuvent enclencher une dynamique autour de ce projet d’union maghrébine. Je crois que cela est possible en se dotant d’un projet démocratique ambitieux et fédérateur qui s’inscrit dans une vision euro-méditerranéenne. Un tel projet sera un moyen de redonner de l’espoir pour une meilleure vie et de la confiance aux peuples du Maghreb, en particulier pour sa jeunesse ».

Pour aller plus loin

+ Interview-portrait de Malika Benarab-Attou pour Kabyle.com

+ Bilan de mandat 2012-2013

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